Une technique inédite pour acheter moins cher ses billets d’avion
Poser une option sur un billet d’avion et l’acheter seulement quand il est le moins cher. C’est ce que propose l’agence de voyages Option Way qui scrute en permanence l’évolution des prix des compagnies aériennes. Acheter un billet d’avion comme on passe un ordre en bourse. Voilà l’idée de Mathieu Chauvin, le créateur du site Option Way. Pour cet ancien financier passé entre autres par le Crédit Lyonnais, Ernst&Young ou GDF Suez, l’évolution du prix des billets d’avion ressemble étrangement à celui du cours d’une action avec ses pics et ses creux qui paraissent complètement aléatoires, comme le montre le graphique ci-dessous pour un Paris-New York. C’est ce qu’on appelle le yield management.
(source : Frédéric Bianchi, 15/12/2015, BFM BUSINESS.com)
Le Yield baisse-t-il réellement les prix ?
Le petit encadré joint à l’article tente d’expliquer ce que l’auteur appelle « le très mystérieux Yield Management » : « (…) d’où les fluctuations de prix. Pour établir les prix, les compagnies aériennes utilisent des grilles de remplissage. Par exemple, si le taux est à 40% à 90 jours du départ, le rythme est bon et les prix vont monter. S’il n’est qu’à 20%, les prix vont baisser. »
C’est en réalité un peu plus complexe que cela pour plusieurs raisons. Tentons d’y voir clair.
D’abord, beaucoup de compagnies aériennes ne vont pas baisser les prix si le remplissage n’est pas au rendez-vous car :
- Le principe du Yield reste fondamentalement sur un prix ascendant et pas l’inverse, même s’il y a bien-sûr des cas où le prix baisse réellement (mauvaise estimation du Yield, annulation d’un groupe, alignement sur une promo du concurrent…),
- Le Yield ne vise pas 100% d’occupation, niveau d’occupation souvent inatteignable selon la saison ou le jour de semaine. Les compagnies aériennes peuvent assumer le fait d’avoir une faible occupation sans baisser les prix,
- Les prix bas ont souvent des apex ou des delay out (fermeture automatique d’une classe x jours avant le départ quel que soit le niveau d’occupation) ce qui interdit la réouverture de bas tarifs,
- Le Yield craint la dilution (un client qui était prêt à payer cher va profiter d’une baisse de prix pour s’y glisser),
- La baisse de prix, quand elle vient, n’est ni systématique, ni prévisible. Comment donc avoir la certitude que le prix va baisser ? Quel niveau de risque Option Way donne à son client sur le pari de ne pas acheter son billet maintenant ?
La volatilité des prix et leur interprétation
Par ailleurs, ce qui n’est pas mentionné dans le joli graphe qui montre une grande volatilité des prix c’est de quel type de tarif il s’agit. Un aller/retour sur Paris – New York la semaine du 15 août peut s’entendre de différentes manières :
- avec ou sans possibilité de modifier son séjour au point de demi-touret avec quelle pénalité éventuelle
- avec ou sans possibilité d’annuler son séjour
- avec ou sans bagage
- avec ou sans l’obligation d’émettre son billet dans les 72 heures
- avec ou sans open jaw (possibilité de revenir par Philadelphie par exemple)
- etc.
Le prix n’est qu’une composante de l’offre tarifaire ; les conditions d’utilisation, d’émission, de modification, de service au sens large, compte évidemment dans l’acte d’achat. C’est ce qui conduit les compagnies aériennes, pour un même siège, à proposer des prix bien différents.
Ainsi, si le prix aujourd’hui est à 800€ sur un produit tarifaire qui permet la modification et que demain apparaît un tarif à 700€ qui interdit la modification, parle-t-on de la même offre, même s’il s’agit du même siège ? Ces éléments semblent ignorés dans l’étude alors qu’ils peuvent être décisifs sur l’acte d’achat.
À pile ou face
Le principe peut paraître séduisant mais comprend des risques : si vous avez un impératif d’horaire qui vous oriente vers une compagnie plutôt qu’une autre, si vous avez un doute sur vos dates et avez besoin de flexibilité sur votre tarif, si vous avez des contraintes de bagages, si vous n’êtes pas joueur… le risque pourra s’avérer trop élevé.
Si seul le prix compte et que vous êtes prêts à ne pas partir, tentez le coup… !
Mots-clés : BFM BUSINESS, Frédéric Bianchi, Yield Management, Tarif, Aérien